Femmes de bière 7 mars 2018

Femmes de bière

8 mars 2018 – Journée internationale des femmes. Dans l’industrie brassicole, elles sont encore trop peu nombreuses, bien que beaucoup plus présentes qu’il y a quelques années. Plein feu sur la place des Québécoises dans cette industrie en pleine expansion!

Elles sont peut-être moins nombreuses, mais certainement pas moins travaillantes, connaisseuses, fonceuses, passionnées et curieuses. J’ai eu la chance de m’entretenir avec quelques-unes de celles qui nous inspirent; en voici le résultat.

Émilie Fontaine

Responsable des communications pour Le Boq et copropriétaire de la brasserie rurale les 11 Comtés

En plus d’enseigner à l’Université de Sherbrooke et d’être mère de quatre enfants, Émilie est derrière les communications du Boquébière. Mais au-delà de cela, elle est maintenant copropriétaire de la nouvelle brasserie rurale de Cookshire-Eaton, les 11 Comtés, dont l’ouverture est prévue pour juin prochain.

Image_Emilie

Crédit photo : Boquébière

Alors qu’elle terminait sa maîtrise et qu’elle était enceinte, son conjoint Sébastien mettait sur pied le Boquébière au centre-ville de Sherbrooke. Mais, si on revient dix ans en arrière, on se souvient que Sherbrooke n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui en ce qui concerne le paysage brassicole.

C’est en donnant un coup de main aux propriétaires du Boquébière dans les différents festivals qu’elle eut la piqure pour le milieu. Sans quitter son emploi en éducation, elle prit la décision de plonger tête première dans l’entrepreneuriat pour mettre sur pied 11 Comtés plutôt que de se consacrer principalement à sa carrière à l’Université.

Côté bières, l’arrivée des IPA lui a fait découvrir la bière et l’aimer encore plus. Sa bière préférée est assurément la Boson de Higgs de Hopfenstark, pour sa complexité et l’explosion de saveurs en bouche. Elle aime beaucoup les bières fumées et les sures… Finalement, elle aime pas mal tout. Si son amour pour la bière lui vient des IPA, elle aime certainement tous les styles qui lui sont proposés et adore en découvrir de nouveaux.

La femme dans l’industrie brassicole, selon Émilie

« Je suis convaincue qu’il y a des femmes derrière chaque histoire de microbrasserie. On a peut-être moins les projecteurs sur nous, mais je suis certaine qu’une femme dans une équipe, ce n’est qu’un plus pour ce monde d’hommes. Le fait qu’il y ait des femmes qui brassent ouvre inévitablement les portes pour d’autres femmes qui certainement se lanceront. Tout est encore à faire dans l’industrie de la microbrasserie au Québec, on n’est même pas encore dans les restaurants. De plus en plus les femmes seront là et y feront leurs places. »

Catherine Schlager

Journaliste au pupitre à La Presse, collaboratrice pour le Bières et Plaisirs

Catherine s’intéresse à la bière depuis presque 20 ans. Fille d’un père autrichien, elle se rappelle des moments où son père avait sa bière à la main. Elle a d’ailleurs l’impression que c’est quelque chose qui fait partie de sa génétique.

À l’époque, elle a commencé à s’intéresser au milieu en dégustant de la Unibroue et de la Boréale. Puis s’en suivirent les voyages où elle allait chercher de la bière au Vermont, puis en Californie. Aujourd’hui, chacun de ses voyages avec son fils et son copain est organisé en fonction des bières qu’il y a à déguster à l’endroit de destination.

Son simple intérêt s’est transformé en véritable passion au fil des dégustations et des lectures. Elle a eu pendant 5 ans sa propre critique de bière à La Presse, en plus d’être collaboratrice pour le journal Bières et Plaisirs depuis les tout débuts du média.

Ses bières préférées sont sans doute les bières sures et les New England IPA. Elle aime pas mal tout ce qui se brasse, mais moins du côté des Lager, elle apprécie moins sa simplicité. Elle aime aussi les saisons, les porters.

La femme dans l’industrie brassicole, selon Catherine

« Des femmes, il y en a de plus en plus. Quand j’ai commencé à boire de la bière et à aimer cela, j’étais LA fille qui buvait de la bière dans mes cercles d’amis. Aujourd’hui, il y a des femmes qui brassent de la bière, d’autres qui écrivent des livres. C’est appelé à changer et c’est tout à fait une bonne chose. »

Myriam Tremblay-Collin

Brasseuse et copropriétaire du Refuge des brasseurs

Elle n’a que 26 ans et a commencé à brasser de la bière dès l’âge de 18 ans. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours aimé la bière de par sa complexité, mais également sa simplicité. Elle a d’ailleurs passé une bonne partie de sa vie à visiter de nombreuses microbrasseries, ou tout simplement à goûter des bières, avant de se lancer dans le vide. En fait, pas tant dans le vide, puisqu’elle remporta plusieurs concours de brassage amateur avec son collègue et vieil ami Louis-Philippe. De fil en aiguille, Myriam, Louis-Philippe et Marc-Olivier ont décidé d’ouvrir la première microbrasserie sherbrookoise tenue par des gens de leur âge et aussi, la seule près de l’Université de Sherbrooke.

Photo_Myriam
 Crédit photo : Genevie Casas photographie

Mais avant l’ère du Refuge, Myriam a brassé quelques mois à la Microbrasserie Coaticook, chose qui lui a certainement permis d’apprendre à manipuler des « vrais outils ».

Côté bière, Myriam n’aime pas particulièrement les bières fruitées. Elle aime bien les Black IPA, les Barleywine et les noires fortes.

 La femme dans l’industrie brassicole, selon Myriam

« J’aimerais encourager les femmes dans le milieu brassicole. J’ai l’impression qu’il n’y a pas encore assez de femmes. Bien sûr, il faut être un minimum en forme comme c’est un métier qui est assez physique, mais il ne faut pas non plus oublier qu’il y a une grande question de création. Je ne suis pas toujours en train de soulever des poches de grains. Notre prochaine stagiaire du côté brassage est d’ailleurs une femme et j’aimerais l’encourager à poursuivre dans ce magnifique milieu.»

Audrey-Anne Côté

Brasseuse et copropriétaire de Cap Gaspé Craft Brewing Co.

Avant même que le mot foodie ne devienne à la mode, Audrey-Anne l’était déjà. Du plus loin qu’elle se souvienne, elle a toujours aimé la bière, même à une époque où elle devait se contenter des importations à la SAQ et où la Morte subite était son leitmotiv.

Son côté épicurien et sa passion pour la bonne bouffe l’a poussée à étudier en cuisine et à en faire carrière. Aujourd’hui, elle marie son intérêt pour la cuisine et la bière en « cuisinant de la bière ». Bien que Cap Gaspé soit le projet de son père et elle, elle est la seule à s’y consacrer à plein temps. Ce qui veut dire qu’elle touche à tout, de l’administration, au brassage, sans oublier le service.

Côté bière, ses goûts changent au rythme des saisons, bien qu’elle aime particulièrement les stouts, elle apprécie aussi les houblonnées, les sures, et même la pilsner qui s’accorde bien avec chaque moment, selon elle. Elle avance également que le genre ou le sexe n’a aucun lien avec le goût. Elle remarque que les goûts de sa clientèle évoluent à chaque gorgée.

La femme dans l’industrie brassicole, selon Audrey-Anne

« Je vois cela un peu comme la cuisine. C’est les femmes qui cuisinaient et qui brassaient. Aujourd’hui, les grands chefs sont majoritairement des hommes. Mais les femmes font leur trace et on le remarque. Au Québec, on est environ 4 brasseuses-propriétaires. C’est majoritairement des hommes blancs ou presque, mais c’est voué à changer et c’est tant mieux. Il y a beaucoup de femmes du côté administratif par contre. J’espère que j’inspirerai d’autres femmes de petite taille à faire de la production de bière. »

Jeannine Marois

Cofondatrice et présidente, directrice générale du Mondial de la bière

À une époque où le Québec comptait très peu de microbrasseries, alors qu’elle réalisait une étude de marché pour un festival de bières en 1994, Jeannine décide de se joindre au projet. Résultat : elle lance le Mondial de la bière avec ses deux coéquipiers de l’époque. Dès la première année, près de 20 exposants prirent part à l’événement alors qu’ils ignoraient qu’il deviendrait un jour aussi grand. Aujourd’hui, elle y est toujours la présidente et directrice générale. Rapidement, la bière est devenue une passion pour elle, en plus d’être son métier; elle a été et est toujours le noyau de ses voyages à travers le monde. Vingt-cinq ans plus tard, elle découvre encore des gens et des produits qui la fascinent.

Elle aime beaucoup l’amertume des bières, l’acidité également. Elle aime moins les bières belges et les triples.

Photo_Jeanine

Crédit photo : Dégustabière

La femme dans l’industrie brassicole, selon Jeannine

Force est de constater que son équipe est majoritairement féminine et que sur chacun des panels de juges pour les différents concours du Mondial, il y a toujours des femmes.

« À une époque où il valait mieux boire de la bière que de l’eau, les femmes avaient le contrôle complet sur cette industrie-là. Je pense que dorénavant, on trouve un équilibre de plus en plus présent. Un peu partout certes, mais dans notre industrie, ça se reflète bien grâce à cette capacité de dire que les femmes ont autant de connaissances et de compétences dans le secteur brassicole que les hommes. »

Pour terminer…

Joyeuse journée des femmes à celles qui ont su façonner l’industrie brassicole du Québec, mais également à toutes celles qui y trempent le bout des lèvres. Le monde de la bière a tout à gagner avec vous, parole de femme qui en fait partie, de près ou de loin!

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