Trois sur une terrasse. Je les écoute, eux qui maîtrisent l’art de la scène du balcon avec brio, et place quelques mots ici et là. Sans barrière, autre que la clôture du balcon, on oublie rapidement le cadre mercantile; on jase, tout simplement.
14h30 : Les rayons de soleil nous tapent dans le visage et illuminent nos mots. Une bière sure aux cerises agrémente le paysage vert. Au lieu d’aller strictement dans les recommandations de bière (qu’à cela ne tienne, il nous fera plaisir de vous en faire !), on entre plutôt dans le vif du sujet : la bière selon les circonstances. Et là, on ne peut plus s’arrêter. On n’invente rien; on constate.
Nouveauté ou fidélité?
14h48 : On a de la misère à être fidèle. C’est sûr que nos goûts se développent, mais l’industrie change tellement rapidement que c’est rendu qu’on ne prend pas toujours le temps d’apprécier ce qui a amené ce mouvement là.
14h59 : C’est toujours intéressant de comparer des bières complexes qui goûtent 36 affaires différentes, mais de temps en temps, le confort de boire une bière simple et parfaite (ou simplement parfaite), par exemple une bonne blonde allemande, te permet de décrocher et penser à autre chose, en tant qu’amateur de bière.
Qu’en est-il de la fidélité ? Est-ce qu’on devrait tout essayer ce qui sort, ou plutôt consommer toujours la même bière, les mêmes arômes? Tout le monde semble avoir sa zone confort, en avoir besoin, et plusieurs aiment constamment essayer.
On est du genre à vouloir essayer les nouveautés, mais au rythme où elles arrivent, il devient (presque) impossible de toutes les déguster. On en vient alors à se poser la question suivante : quelle place occupe la bière? Aujourd’hui, on jase de l’aspect social et on créé des accords avec… la terrasse.
Accord circonstanciel
À quoi ressemble la bière parfaite sur une terrasse? Ça continue…
15h10 : C’est la bière qui domine la terrasse. Tu n’invites pas tes amis à aller s’assoir sur une terrasse. Tu les invites à prendre une bière, avec, comme appât, la terrasse. Tu sors une sélection de bières populaires, faciles mais variées, de qualité, mais pas trop chères parce que tu leur paies la traite.
15h22 : Tu bois quoi sur une terrasse? Ça dépend; es-tu avec une gang, en train de lire un livre, ou simplement en train de te faire bronzer le bout du nez? C’est sur que tu ne partiras pas à courir avec une bière, la plupart du temps t’es assis. Tu veux une bière confortable. Parce que pour la boire, tu dois relaxer, tu ne peux pas et ne veux pas être pressé. Tu sors ta bière de soif, celle que tu connais depuis longtemps.
15h35 : Une grosse pluie intense aussi peut avoir son style. Un dimanche soir d’été pluvieux, il fait encore clair, tu regardes ça tomber, le temps est sec et y’a de l’électricité dans l’air, tu te sors une grosse black IPA qui colle dans bouche, quelque chose de violent pour regarder les éclairs de ta terrasse.
15h50 : Gros soleil de fin de semaine. Sors le BBQ, le steak et la papillote de légumes bien assaisonnés. Avec quelle bière? Quelque chose de pas trop intense. Quelque chose qui s’accorde bien avec l’air chaud qui nous entoure. Une bière qui sera encore bonne en réchauffant, parce qu’il fait chaud.
16h15 : Une grosse journée ensoleillée à relaxer, à lire un livre, tu sors une lager, blonde ou pas, ou une pilsner. Ou du gros houblon américain bien sec, bien rafraîchissant. Un chat passe dans ta cour, y’a pas d’autre action. Tu veux quelque chose de pintable, certainement rien de lourd.
16h22 : Tu peux te faire un bon repas sur la terrasse. Sortir des bonnes bières et ajouter une dimension coucher de soleil à ta dégustation, c’est quand même nice. Quelques amis, des fromages et des charcuteries, des bières de toutes les couleurs avec quelques valeurs sûres au travers.
16h58 : Un soir calme dans le temps des perséides, juste après que l’humidité soit tombée, quand les criquets se font aller, ferme toutes les lumières, débouche une grosse bière, celle que tu gardais pour la partager, infiniment complexe, nuancée à chaque gorgée, et sirote-là en comptant les étoiles filantes.
Point de convergence
17h18 : L’un d’eux avance: « Une bière, c’est un dénominateur commun social. »
Voilà, c’est entre autres ça la bière. Souvent, on habille une circonstance avec de la bière. S’il qualifie la bière de la sorte, c’est que selon lui, elle ne devrait pas être une fin en soi, mais plutôt l’accompagnateur d’une fin. C’est aussi ce que le Vent du Nord préconise. Prenons par exemple l’objectif suivant : passer une belle soirée. Pour y parvenir, tu rassembles des gens, tu t’arrêtes sur une date, et peut-être que tu fais appel à nous pour boire des bières de qualité. Dans ce cas, la bière agit comme dénominateur commun social et non pas comme fin. Que serait-ce que de souhaiter que la bière soit une fin? La bière ne vit pas toute seule, elle devient viable lorsqu’elle s’accorde avec les moments.
Qui sont-ils?
Deux pintés, deux bons vivants qui, au-delà de boire de la bière, de vous en conseiller, de vous éduquer, et même, de vous faire rêver, aiment se poser des questions sur cette élixir tant aimé de la population québécoise. Deux passionnés qui déraillent facilement dans des analogies pittoresques ou des réflexions complexes sur des sujets anodins qui entourent souvent la bière.
Ils vous font dire qu’apprécier la bière c’est bien, mais que de profiter du moment bière, c’est encore mieux.
Aujourd’hui, c’était la terrasse, mais demain, ce sera certainement autre chose. Toi, tu accordes ta bière avec quoi?